Le chien : une projection de soi ?

Le chien : une projection de soi ?

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Depuis la nuit des temps, le chien accompagne l’humain dans son quotidien. Au fil des siècles, sa fonction a évolué parallèlement à ce que l’Homme attendait de lui (chien de chasse, de berger, chien policier, etc.).

Aujourd’hui, bien que certains chiens remplissent encore une fonction utilitaire, nombre d’entre eux sont devenus des chiens de compagnie. Pourtant, un chien demande quotidiennement de l’énergie, du temps et coûte bien plus que ce qu’il ne rapporte pécuniairement.

Quelles sont donc les motivations qui nous poussent à avoir un chien, dans une société de surconsommation qui prône la productivité et la rentabilité à tout prix ?

Le chien soigne notre égo !

Nous trouverions auprès du chien une satisfaction narcissique venant combler les manques affectifs produits par notre société. Les chiens permettent aux êtres humains de s’offrir des signes d’attachement en toute sécurité, sur commande, voire en permanence, puisque ces signes émanent d’êtres incapables d’ingratitude. Max Frisch (1911-1991), dans le livre Questionnaires, a demandé :

« Avez-vous un chien pour qu’il vous tienne lieu d’ami ? ».

Par analogie avec la carapace des crustacés, le chien apporte à l’homme une forme de psychisme externe, un exopsychisme, une source extra-cérébrale de motivations et d’émotions. Un avantage notoire de celle-ci est le grand nombre d’émotions positives ressenties chaque jour par l’humain. Mais parfois, c’est l’angoisse, s’il est malade ou égaré (le chien, bien sûr).

Les motivations conduisant à l’acte d’avoir un chien sont complexes. Et certaines d’entre elles sont directement reliées à notre construction identitaire :

  • Lorsque l’on a grandi avec un chien, on peut désirer réactiver une relation infantile, sereine et sécurisante en réitérant les expériences du passé. Soit : avec un chien.
  • Lorsque l’on n’a pas eu la possibilité d’avoir des animaux dans son enfance, la même motivation peut être entendue comme une réappropriation, une réécriture de son passé.

C’est ce qu’explique Mme. D :

« J’en voulais un, mais mes parents ne voulaient pas donc c’était réglé. […] Je trouvais ça injuste, je trouvais ça nul. […] En plus, chez mes parents ce n’était pas simple… ma naissance n’était pas très enthousiasmante et du coup ça m’aurait fait de la compagnie. J’ai un frère, mais on était tous les deux très seuls dans cette famille. Les liens étaient complexes. Et pour le coup, avoir un animal il y aurait eu quelqu’un de bienveillant… qui aurait pu nous montrer l’attachement […] Je me suis dis que j’en aurai un quand je serai grande. »

Le processus d’acquisition se construit sur une temporalité particulière comprenant les étapes suivantes :

  • La préférence : souvent déterminée dès l’enfance, pour une race ou une taille de chien,
  • La faisabilité : du projet d’avoir un chien à un temps T,
  • La décision : fréquemment prise suite à l’accès à des conditions matérielles favorables, et parfois catalysée par un événement de vie,
  • Le choix : définitif de la race, de l’élevage et enfin du chiot,
  • L’attente : du sevrage puis l’accueil du chiot : durant cette période, les futurs propriétaires « pensent » le chien à venir. Ils l’idéalisent, le fantasment.

Quels mécanismes psychiques interviennent au cours de l’acquisition d’un chien ?

Insistons tout d’abord sur le fait que choisir un chien comme animal de compagnie reflète déjà certains éléments de personnalité (Gosling, Sandy et Potter, 2010).

Chaque espèce nous renvoie à notre propre condition, notre personnalité, à travers la relation qu’il est possible d’entretenir avec elle. Par exemple : le chien est plus dépendant de la relation sur le plan affectif que le chat, réputé plus indépendant. Le choix de l’animal est déjà représentatif de notre psychologie.

En 2014, une étude réalisée sur 200 000 personnes, à l’Université Carroll, a permis de mettre en lumière les caractéristiques des propriétaires de chiens et de chats. De manière surprenante, elles incluaient des aspects tels que le sens de l’humour, le niveau d’éducation et les comportements sociaux.

  • Selon l’étude, les propriétaires de chiens sont généralement plus amicaux et sociables. Cette tendance reflète parfaitement la nature sociale du chien qui aime faire partie d’un groupe. Le chien est expansif dans ses gestes d’affection et son humain a souvent un humour basé sur la physicalité plutôt que sur le discours. L’amitié est la caractéristique distinctive d’un amoureux des chiens.
  • Introvertis et passionnés de hobbies solitaires tel que la lecture, les amoureux des chats auront généralement un niveau d’éducation plus élevé et un sens de l’humour subtil dans lequel le sarcasme prévaut. La symbiose est immédiate grâce aux caractéristiques du chat, un animal relationnel, qui est autonome mais pas opportuniste, l’explique Denise Guastello, professeur en Psychologie.

Tel humain, tel chien ?

Des traits de personnalité peuvent également s’exprimer dans le choix de la race du chien (Payne et Jaffe – 2007). Ce phénomène s’expliquerait par une sélection – motivée sur le plan narcissique – du choix d’un animal qui ressemble physiquement ou psychiquement au futur propriétaire.

Par ailleurs, certaines personnalités sont plus enclines à choisir une race de chien particulière plutôt qu’une autre. Au grand plaisir des médias qui s’en donnent à coeur joie : “Quelle race de chien est faite pour vous ?”

Avant d’acquérir un chien d’une race précise, nous nous en faisons déjà une représentation détaillée, soit par notre expérience personnelle, soit par l’image que transmettent notre entourage ou par les différents médias (préjugés, délits de faciès, mise en avant d’une race, etc.) : les attentes à l’égard de notre futur compagnon se constituent avant même de l’accueillir dans notre foyer.

Lorsque la relation avec son chien s’installe, l’humain aura tendance, – le plus souvent inconsciemment – à renforcer les comportements qui vont dans le sens du chien fantasmé et à réfuter tout ce qui s’y oppose. Par exemple : les demandes d’attention du chien seront renforcées, car elles incarnent l’amour inconditionnel que le chien “doit” porter envers son humain, selon la représentation collective (films, livres, publicités, reportages, etc.).

Questionner ses attentes conscientes et inconscientes permet d’explorer ce qui relève du chien fantasmé ou du chien idéal. Car bien souvent, les problématiques apparaissent dès lors qu’il y a contraste entre le chien fantasmé et le chien réel, tel qu’il est vraiment.

Doit-on penser que l’Homme projette sa part humaine sur le chien, ou que c’est sa part animale et instinctive qui s’exprime dans le choix qu’il fait de vivre avec un chien ?

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